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Retour sur le webinaire : "La transition juste : actions concrètes pour l’emploi et la lutte contre la précarité énergétique"

Le 16 juin 2025 • Mis à jour le 31 juillet 2025

Le 3 avril 2025, un webinaire intitulé "La transition juste : actions concrètes pour l’emploi et la lutte contre la précarité énergétique" a été organisé dans le cadre du programme Territoire Engagé Transition Écologique. Suite à une présentation du sujet par Solange MARTIN, experte de l'ADEME, deux interventions de collectivités ont apporté des retours concrets sur les thèmes de l'emploi puis de la précarité énergétique. Voici un résumé de ces trois exposés.

État des lieux de la transition juste par Solange MARTIN, sociologue, direction exécutive « Prospective & Recherche », conseillère scientifique et technique à l’ADEME

La transition juste est une notion floue du fait de la subjectivité liée au terme « juste ». Pourtant, cette notion a été inventée il y a 30 ans, dans les années 1990, aux États-Unis, par Tony Mazzocchii (président du syndicat des industries de la chimie et de l'énergie), pour affirmer l’importance de protéger l’environnement tout en protégeant les salariés des industries polluantes.

Les changements climatiques affectent en priorité les plus vulnérables

Rappelons que les changements climatiques affectent en priorité les plus vulnérables et vont accroître les inégalités en France et ailleurs dans le monde. Il n’y a donc rien de plus injuste que ne pas faire la transition. Toutefois, il y a différents chemins possibles, avec des effets socioéconomiques distincts dont il faut tenir compte.

Une opportunité de création de valeur en faisant une transition écologique

Depuis Tony Mazzocchi, la notion de transition juste a évoluée : d’une crainte de perte d’emplois à cause de la transition, on est passé à une opportunité de création d’emploi et de valeur par la transition.

La transition juste n’est donc pas seulement sociale. Elle comprend aussi aides aux pollueurs pour écologiser leurs pratiques et/ou se reconvertir. Elle revêt enfin un caractère transversal : assurer une transition la plus démocratique possible, avec l’implication de toutes les parties prenantes : publiques, privées, mais aussi la société civile. Cela requiert un ensemble de politiques publiques, économiques, commerciales et sociales pour déployer tout son potentiel.

Retour d’expérience de Saint-Brieuc Armor Agglomération avec Anaïs Bourgoin, cheffe de service Insertion Sociale et Professionnelle

La transition juste est un levier dans la stratégie de développement économique et de l'emploi à Saint-Brieuc Armor Agglomération.

Une politique de création d’emplois durables et non délocalisables

Elle se traduit par une politique de création d'emplois durables et non délocalisables, incluant les structures d'insertion ou du handicap. La transition juste résonne dans la volonté d’accompagner la personne dans sa globalité.

Dans le cadre du label Territoire zéro chômeur de longue durée, des entreprises à but d’emploi (EBE) ont été créées. Ce sont des entreprises d'insertion qui emploient des personnes en CDI, à temps choisi, et qui développent des activités nouvelles sur le territoire, sans être en concurrence avec d'autres structures. L’agglomération a souhaité positionner les activités de ces EBE en lien avec les transitions, en partenariat avec les structures de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), déjà très impliquées localement.

Voici quelques exemples concrets de transition juste à Saint-Brieuc Armor Agglomération :

Le maraîchage et le projet de légumerie (en cours)

Un terrain de 7 000 m², initialement dédié à la création d'un lotissement, a été mis à disposition d’une association pour du maraîchage urbain avec des personnes éloignées de l'emploi. Les produits issus de ce maraîchage sont vendus aux cuisines centrales des communes de Saint-Brieuc et de Ploufragan, proposant une alimentation bio et durable.

En parallèle, les associations de dons alimentaires, confrontées à des difficultés pour redistribuer des denrées périssables, se sont rapprochées d’une EBE pour créer une légumerie. Cette dernière collectera les invendus, les transformera grâce à une conserverie, puis les revendra ou les redistribuera à des publics précaires.

La filière textile et l’upcycling

En tant que Territoire économe en ressources, Saint-Brieuc Armor Agglomération a lancé un événement grand public pour promouvoir le réemploi, la réparation et l’upcycling textile. Plus qu’un événement de mode, c’est un plaidoyer pour une consommation responsable.

Un atelier textile emploie une dizaine de personnes pour créer des articles à partir de bâches plastiques ou de cuir, ainsi que pour retoucher des vêtements vendus ensuite en friperie.

Soutenir les nouveaux métiers liés aux déchets et aux plantes invasives

En 2024, la métropole a organisé un rallye vert pour faire découvrir à des demandeurs d’emploi les métiers liés aux déchets (tri, collecte, recycleries). Résultat : 8 personnes sont entrées en formation.

Sur le sujet des plantes invasives, l’agglomération a monté un parcours d’insertion avec une structure ESS pour accompagner des personnes sans domicile fixe via des contrats progressifs sur des chantiers d’arrachage manuel.

Une micro-filière a également été créée pour collecter des meubles invendus, les démanteler et en faire de la matière première secondaire réutilisable.

Appliquer la clause sociale

Dans les marchés publics, la clause sociale est une obligation. Saint-Brieuc Armor Agglomération a accompagné une structure d'insertion pour monter en compétences dans le réemploi dans le bâtiment. Une clause “découverte des métiers de la transition écologique” est aussi testée sur des chantiers d’isolation terre-paille.

Retour d’expérience de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg avec Nathalie Leclerc, cheffe du service Pilotage Climat Air

Objectif : réduire de 15 % la précarité énergétique

La lutte contre la précarité énergétique est une priorité du plan climat. D’ici 2030, l’objectif est de réduire de 15 % cette précarité et de rénover 8 000 bâtiments basse consommation par an pour la Métropole.

Les deux collectivités sont signataires de la Convention européenne des maires pour le climat et l’énergie.

Des approches préventives et complémentaires

Plusieurs dispositifs sont en place : aides de l’ANAH, plan départemental logement/hébergement, programme SARE – Pacte territorial, Fonds Air Bois, Agence du climat…

Accompagnement des ménages

Le programme Territoires Zéro Exclusion Énergétique propose un accompagnement personnalisé pour sortir 100 ménages de la précarité énergétique. Une équipe de 4 personnes est financée à 100 % via les Certificats d'Économies d'Énergie.

Renforcer le diagnostic

Grâce à des outils comme ONPE, GeoDIP ou Go Rénove, le territoire affine sa connaissance du parc bâti. Il bénéficie aussi d’une assistance technique dans le cadre de l’appel à projet Call for Technical Assistance to Tackle Energy Poverty.

La transition juste dans T.E.T.E.

La précarité énergétique est déjà prise en compte dans le programme T.E.T.E. Le nouveau référentiel à venir intégrera la transition juste de manière transversale, avec une mise en lumière des actions existantes.

Pour aller plus loin

Webinaire Transition juste | Saint-Brieuc, Strasbourg | Collectivités locales | ADEME | Territoires en Transitions